Les Voix du peuple (1868). Impressions d’un condamné à mort (1871)
Charles Adolphe
Il est agent commercial de la Compagnie des chemins de fer du Midi à Marseille lorsqu’il apparaît en 1867 dans L’Indicateur marseillais [2] où il est alors domicilié rue Impériale n°7 (actuelle rue de la République).
Après la chute de l’Empire et la proclamation de la République le 4 septembre 1870, il est membre du Club de la Révolution : le 30 octobre 1870 il est un des signataires du procès-verbal de la réunion tenue ce jour-là au n°14 du cours Belsunce, pour le lancement du manifeste du Comité du club de la Révolution, stipulant notamment de dissoudre les pouvoirs locaux, de révoquer les fonctionnaires de l’Empire encore en fonction, et de constituer une commission exécutive du nom de Comité du Salut public. Cette réunion citée par la presse locale [3], est confirmée par le rapport parlementaire officiel sur les actes du gouvernement de la Défense nationale remis à l’Assemblée nationale par de Sugny [4]. Lorsque le lendemain de cette réunion la Commune révolutionnaire est proclamée à l’Hôtel de Ville de Marseille sous la présidence d’Adolphe Carcassonne, Cartoux apparaît aussi parmi les signataires de l’affiche de cette proclamation [5]. Par souci d’apaisement, les autorités d’alors n’engagèrent pas de poursuites judiciaires contre les signataires de ces documents.
Les archives départementales conservent cependant une lettre de Cartoux du 1er novembre 1870, le jour même de la proclamation de la Commune révolutionnaire, adressée au Citoyen Président de cette Commune pour refuser le mandat que celui-ci avait l’intention de lui confier. Il démissionne, écrit-il, de la Commune révolutionnaire pour deux motifs, d’une part parce que le manifeste qu’il a signé prévoyait « la nomination d’une commission exécutive de salut public réunissant tous les pouvoirs civils, militaires et judiciaires et dont les membres seraient désignés par le citoyen Esquiros » et d’autre part parce qu’il ne peut se permettre de quitter son travail à la Compagnie de chemins de fer qui est son seul moyen d’existence [6].
Il se laisse apparemment convaincre d’entrer en politique en étant candidat aux premières élections municipales post-impériales du 13 novembre 1870, sur la liste indépendante présentée par le journal L’Égalité [7]. Il n’est pas élu, mais plusieurs candidats de L’Égalité le sont à ce scrutin majoritairement remporté par la liste concurrente du Comité républicain [8] dont le Maire, Jacques Thomas Bory, est issu.
Quelques jours après ces élections, Cartoux est l’un des cinq membres nommés le 25 novembre 1870 par le préfet Alphonse Gent pour faire partie du Comité du recensement de la garde nationale de Marseille. Il est à l’origine, comme il l’écrit dans son mémoire, du Club républicain de la garde nationale qui le 23 mars 1871 le désigna, à son insu dit-il, pour être membre de la Commission départementale provisoire installée à la Préfecture.
Je le laisserai relater ensuite lui-même dans sa lettre les faits et gestes qui furent les siens à partir de ce 23 mars jusqu’à l’impression de cette lettre en Espagne vers le début du mois de juillet 1871. Après son texte, j’évoquerai la suite de son itinéraire peu commun jusqu’à son décès à Marseille.
[1] État civil de Nîmes (Gard) : acte de naissance reproduit dans les illustrations. La seule notice biographique consacrée à Charles
[2] L’indicateur marseillais pour l’année 1877, p. 419.
[3] L’Égalité, 2-3 novembre 1870.
[4] Rapport fait au nom de la commission d’enquête sur les actes du gouvernement de la Défense nationale, par M. de Sugny, sous-commission du Sud-Est, Marseille, Versailles, Imprimerie Cerf et fils, 1873, pp. 119-110.
[5] Voir illustration.
[6] Arch. départementales BdR 1 M 713. Lettre intégralement reproduite en annexe.
[7] 7
[8] Le Sémaphore de Marseille, 15 novembre 1870.