Marseille 1871 : une autre Commune
Marseille 1871 : une autre Commune
Le Monde illustré, 8 juillet 1871.
Carte postale ancienne

Les prissoniers du Chateau d’If

Intro

Les Voix du peuple (1868). Impressions d’un condamné à mort (1871)

Jacques Barrau était journaliste à Marseille durant la Commune révolutionnaire du 23 mars au 4 avril avril 1871. Il a été arrêté dans la soirée du 4 avril à Plaine, place Saint-Michel, quelques heures après la fin des combats. Avec des centaines d’autres prisonniers, il a d’abord été incarcéré à la gare, avant d’être transféré au Château d’If, une place forte battue par les flots à quelques encablures de la ville. Cette prison qui n’avait de château que le nom était alors la pire des geôles marseillaises dans laquelle avaient déjà été entassés quelques décennies auparavant les révolutionnaires de 1830 et de 1848. J. Barrau y a écrit ce poème le 15 avril 1871.

Appelé ensuite à comparaître devant le Conseil de guerre, il bénéficia d’un non lieu. Libéré, il put faire imprimer son poème avant la fin de l’année 1871 à Marseille, malgré l’état de siège, et le vendit « au profit des victimes du 4 avril », par solidarité avec toutes les autres victimes de cette terrible journée qui marqua la fin de la Commune de Marseille, écrasée sous les bombardements démesurés du général versaillais Espivent de la Villeboisnet, commandant l’état de siège sur le département des Bouches-du-Rhône.

Après une dédicace à son ami Armand Duportal, ancien préfet de Haute-Garonne (qui avait soutenu la Commune révolutionnaire de Toulouse), le poème débute à l’aube du 7 avril, lorsque des « captifs du 4 avril », encordés deux à deux, sont brutalement conduits de la gare vers le port, et embarqués sur Le Renard, un aviso de la marine française, qui les déposa sur la roche pelée de l’îlot d’If. Au-delà de la dureté des conditions de leur emprisonnement, le poème de J. Barrau dit aussi son espérance et celle de ses compagnons de captivité, en l’avènement d’une République sociale qu’aucune répression ne saurait entamer.

La transcription de ce poème a été effectuée par mes soins à partir de l’exemplaire numérisé de huit pages in 8e commandé auprès de la Bibliothèque nationale de France à Paris [1]. Jacques Barrau (1814-1891) sera présenté plus longuement après son poème.

 

Michèle Bitton, Marseille, 30 mars 2022

 

Le Monde illustré, 8 juillet 1871 : Marseille – Le Château d’If où les prisonniers communeux de Marseille sont internés. - D’après le croquis de M. Kauffmann,
« Deux cent cinquante-quatre prisonniers provisoirement détenus à la gare du chemin de fer, ont été transférés au Fort Saint-Nicolas, pour de là être conduits au Château d’If,où l’instruction devrait commencer. Ces prisonniers étaient escortés par 600 hommes environ des troupes, sous le commandement d’un colonel. [2] »

 

« Nous croyons savoir que l’instruction judiciaire sur les événements de Marseille est à l’heure qu’il est terminée, au Château d’If, où plusieurs prisonniers ont été transportés. ¨Plus de 500 détenus, parmi lesquels quatre femmes, ont été interrogés. Une seule de ces quatre femmes, d’origine italienne, et qui avait été arrêtée avec son mari et des garibaldiens, dans un poste de la rue Montgrand, a été retenue, les trois autres ont été mises en liberté.
M. Crémieux est enfermé dans la prison où Mirabeau fut détenu. Il paraît un peu accablé et quelque peu affligé de sa position. On prétend même qu’il a souvent des paroles de récrimination pour ses anciens collègues de la Commission départementale. Sa femme, nous assure-t-on serait partie pour Versailles. Quant aux autres prisonniers, ils sont détenus dans les autres locaux de l’île. On en extrait les malades qui ont été envoyés en ville sous bonne garde. [3] »

[1Les prisonniers du Château d’If, par Jacques Barrau, un des détenus, Marseille, imprimeur typographique Clappier, 1871.

[2Le Petit Marseillais, 9 avril 1871

[3Le Petit Marseillais, 14 avril 1871.

Mise à jour :mercredi 30 avril 2025
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