Marseille 1871 : une autre Commune
Marseille 1871 : une autre Commune
Le Monde illustré, 8 juillet 1871.
Carte postale ancienne

Deux soldats fusillés au Pharo pour avoir refusé de tirer sur les communards de Marseille

Intro

Les Voix du peuple (1868). Impressions d’un condamné à mort (1871)

Le 23 mai 1871, trois semaines après l’écrasement de la Commune de Marseille par le général Espivent de la Villeboisnet, le 1er conseil de guerre de la 9e région militaire de Marseille prononçait, à l’unanimité, sa première condamnation à la peine de mort. Il demandait l’exécution de Joseph Estragnat, soldat de 2e classe au 16e régiment de ligne âgé de 22 ans, jugé coupable d’abandon de poste en présence de rebelles armés. Ses différents recours rejetés, Estragnat était fusillé sur le champ de manœuvres militaire du Pharo, le 30 octobre 1871.

Le 9 juin 187, le même conseil de guerre condamnait à la même peine Édouard Paquis, soldat de 2e classe au 6e bataillon de chasseurs à pied âgé de 31 ans, jugé coupable de désertion à l’ennemi. Ses recours également rejetés, il était lui aussi fusillé au Pharo le 16 septembre 1871, avant Estragnat.

Avant la fin de l’année 1871, une troisième exécution ensanglanta le champ de manœuvres militaire du Pharo, celle de Gaston Crémieux, le chef de file de la Commune marseillaise. Condamné à mort le 28 juin 1871, en même temps que deux autres protagonistes de la Commune qui, eux, furent graciés, Crémieux était exécuté le 30 novembre 1871. Il fut alors le dernier, et le seul civil, fusillé à Marseille après jugement pour sa participation à la Commune de 1871.

Le champ de manœuvres militaire du Pharo n’existe plus ; une dernière exécution s’y est déroulée le 6 juin 1950 et ce fut celle de l’Allemand Ernst Dunker, alias Delage, sous-officier SS de la Sipo-SD à Marseille, condamné à la peine de mort par le tribunal militaire de Marseille.

Le terrain occupé pour ces manœuvres est aujourd’hui largement urbanisé ou fermé par l’armée. Son emplacement est indiqué sur d’anciens plans de Marseille, notamment celui de 1866 partiellement reproduit en couverture sur lequel il est signalé « Plaine de Pharo ou Champ de manœuvres ». Entouré de trois côtés par la mer, il jouxte la résidence impériale construite pour Eugénie, l’épouse de l’empereur Napoléon III, un palais qui existe toujours, même s’il n’est plus impérial mais municipal.

En 2021, pour le 150e anniversaire de la Commune, la municipalité de Marseille commémorait pour la première fois Gaston Crémieux au Pharo en érigeant une plaque près de l’endroit où il avait été fusillé ; il aurait été juste de lui associer les deux soldats fusillés quelques semaines avant lui. Cette brochure leur est dédiée.

Michèle Bitton
Marseille, 18 novembre 2024

Mise à jour :mercredi 30 avril 2025
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