Marseille 1871 : une autre Commune
Marseille 1871 : une autre Commune
Le Monde illustré, 8 juillet 1871.
Carte postale ancienne

Deux soldats fusillés au Pharo pour avoir refusé de tirer sur les communards de Marseille

Paquis et Estragnat, les premiers des 26 hommes fusillés après le rejet de leur recours par la commission des grâces

Les Voix du peuple (1868). Impressions d’un condamné à mort (1871)

Après les Communes qui fleurirent au printemps 1871 à Paris mais aussi à Marseille et dans d’autres villes en France, Édouard Paquis et Joseph Estragnat furent les premiers condamnés à mort par un conseil de guerre dont les peines furent exécutées : en accord avec le code de justice militaire (qui maintenait la peine de mort abolie par ailleurs par la justice civile pour les prisonniers politiques), ils furent exécutés comme nous l’avons vu le 16 septembre, puis le 30 octobre 1871 par un peloton militaire en présence de la garnison qui défila devant leur cadavre. Leurs exécutions purent avoir lieu après le rejet de leur ultime recours par la commission des grâces instituée par la loi du 7 juillet 1871 et dont une des attributions fut d’examiner d’office toutes les condamnations à la peine de mort prononcées en France après les Communes.
Dans le rapport qu’elle publia en 1875, cette commission des grâces parlementaire indiqua qu’elle examina au total 9696 affaires, dont 110 condamnations à la peine [1].
Son rapport ne présente pas la liste nominative de ces 110 condamnés à mort, mais il donne celle des 26 hommes dont les recours furent rejetés en précisant la dates de leur jugement [2] mais pas celle du rejet de leur recours en grâce ni celle de leur exécution.
En établissant la liste chronologique des exécutions de ces 26 hommes (à partir de leurs notices biographiques dans le Maitron), il apparaît qu’après les premières exécutions d’Édouard Paquis et de Joseph Estragnat au Pharo à Marseille, puis celles de Pierre Bourgeois, Théophile Ferré et Louis Nathaniel Rossel au camp de Satory à Versailles, puis à nouveau au Pharo pour Gaston Crémieux, les vingt autres exécutions de communards condamnés à mort par des conseils de guerre dont la commission des grâces rejeta les recours se déroulèrent toutes au camp de Satory, à Versailles, la dernière le 22 janvier 1873. 

Les 26 condamnés à mort exécutés judiciairement après les Communes

Édouard Paquis, fusillé au Pharo (Marseille) le 16 septembre 1871
Joseph Estragnat, fusillé au Pharo le 30 octobre 1871
Pierre Bourgeois, fusillé à Satory (Versailles) le 28 novembre 1871
Théophile Ferré, fusillé à Satory le 28 novembre 1871
Louis Nathaniel Rossel, fusillé à Satory le 28 novembre 1871
Gaston Crémieux, fusillé au Pharo le 30 novembre 1871
Armand Herpin-Lacroix, fusillé à Satoryle 22 février 1872
Charles Lagrange, fusillé à Satory le 22 février 1872 à Satory
Gauderic-Joseph Verdaguer, fusillé le 22 février 1872 à Satory
Gustave-Simon Préau de Vedel, fusillé à Satory le 19 mars 1872
Gustave Genton, fusillé à Satory le 30 avril 1872
Jean-Baptiste Serizier, fusillé à Satory le 25 mai 1872
Étienne Boudin, fusillé à Satory le 25 mai 1872
Isidore Louis Boin, fusillé à Satory le 25 mai 1872
François Adolphe Baudoin, fusillé à Satory le 6 juillet 1872
Jean-Pierre Rouillac, fusillé à Satory le 6 juillet 1872
Jean-Baptiste François, fusillé à Satory le 24 juillet 1872
Charles-Alphonse Aubry, fusillé à Satory le 25 juillet 1872
Louis-François Dalivous, fusillé à Satory le 25 juillet 1872
Émile de Saint-Omer, fusillé à Satory le 25 juillet 1872
Alfred-Léon Denivelle, fusillé à Satory le 18 septembre 1872
Henri-Raoul Deschamps, fusillé à Satory le 18 septembre 1872
Joseph Lolive, fusillé à Satory le 18 septembre 1872
Victor-Antoine Bénot, fusillé à Satory le 22 janvier 1873
Louis-Benoni Decamp, fusillé à Satory le 22 janvier 1873
Jean Fenouillas, fusillé à Satory le 22 janvier 1873 

Après les soldats Édouard Paquis et Joseph Estragnat, Gaston Crémieux, le chef de file de la Commune de Marseille, était à son tour exécuté sur le champ de manœuvres militaires du Pharo le 30 novembre 1871. Il fut alors le seul civil et le dernier condamné à mort fusillé « judiciairement » après la Commune insurrectionnelle de Marseille.
 En 2021, pour le 150e anniversaire de la Commune et de la disparition de Gaston Crémieux, la municipalité de Marseille le commémorait au Pharo en érigeant pour la première fois une stèle près de l’endroit où il avait été fusillé. Il aurait été juste de lui associer les deux soldats fusillés peu avant lui : cette brochure leur est dédiée.

[1Louis-Joseph Martel et Félix Voisin, Rapport sur les travaux de la commission des grâces, Paris, Imprimerie nationale, 1875, p. 9.

[2Ibid, p. 15-17 : « État nominatif des condamnés à mort dont les recours en grâce on été rejetés »

Mise à jour :mercredi 30 avril 2025
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