Marseille 1871 : une autre Commune
Marseille 1871 : une autre Commune
Le Monde illustré, 8 juillet 1871.
Carte postale ancienne

Charles Cartoux
Au public marseillais, au conseil de guerre siégeant à Marseille (1871)

Transcription de la lettre de Charles Cartoux au Citoyen Président de la Commune Révolutionnaire, 1er novembre 1870

Les Voix du peuple (1868). Impressions d’un condamné à mort (1871)

Feuille à l’en-tête de son travail : Chemins de fer du Midi. Exploitation. 2e division. Service commercial.

« Marseille, 1er novembre 1870

Citoyen Président de la Commune Révolutionnaire [1]

Je ne puis que vous remercier de tout cœur d’avoir songé à moi pour faire partie de la Commune révolutionnaire de Marseille. Je suis profondément sensible aux paroles exagérément élogieuses prononcées par vous à mon égard.

Cependant deux puissants motifs me forcent à décliner l’honneur que la commission révolutionnaire a cru pouvoir me décerner.

Signataire du manifeste du Club de la Révolution je me suis prononcé pour la nomination d’une commission exécutive de salut public réunissant tous les pouvoirs civils, militaires et judiciaires et dont les membres seraient désignés par le citoyen Esquiros.

Je ne trouve pas dans ma conscience la possibilité de me dégager du soir au lendemain.

En outre en acceptant le mandat que la Commune révolutionnaire a l’intention de me confier, je voudrai pouvoir lui sacrifier tous mes instants et tout le dévouement d’un cœur profondément et sincèrement Républicain.

Employé d’une Compagnie de Chemins de fer, mes occupations, qui seules du reste me donnent les moyens d’existence, ne me permettraient pas de rendre tous les services que la Commune et la République attendent de ses mandataires.

Il vous sera trop facile de pouvoir remplacer ma modeste personnalité pour que je n’hésite pas à vous donner ma démission des fonctions dont vous m’avez honoré.

Je n’en resterai pas moins dévoué à la République une et indivisible que je défendrai toujours de toute mon énergie et de tout mon dévouement.

Avec ma démission, daignez agréer cher citoyen Président mes plus cordiales et mes plus fraternelles salutations.

Signé Ch. Cartoux

Si vous me permettez de citer un nom qui offrirait toutes les garanties que vous recherchez, je mettrai en avant celui du citoyen Grimanelli. [2] »

[1Il s’agit très probablement d’Adolphe Carcassonne, figurant comme Président sur l’affiche de la proclamation de la Commune révolutionnaire reproduite ci-dessus.

[2Arch. départementales BdR 1 M 713.

Mise à jour :mercredi 30 avril 2025
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