Les Voix du peuple (1868). Impressions d’un condamné à mort (1871)
Cette petite plaque, semblable par sa taille et sa forme, à d’autres plaques apposées au château d’If, se trouve sur un mur intérieur de cette ancienne prison devenue un des hauts lieux touristiques de Marseille.
La date d’apposition de ces plaques n’a pu être renseignée, mais elle est probablement postérieure aux années 1920, après que le ministère de la Culture ait pris la charge du château d’If. Ouvert officiellement au public en 1880, classé monument historique en 1926, il a été remis en 1994 par le ministère de la Défense au ministère de la Culture et fait aujourd’hui partie du Parc national des Calanques.
N’ayant de château que le nom, le château d’If est un ancien fort militaire construit au XVIe siècle sur l’île éponyme à quelques encablures des cotes (2 kms). Il servit de prison d’état jusqu’au début du 20e siècle, recevant notamment des opposants réels ou supposés au régime en place, quel qu’il soit : des huguenots en 1720, des républicains en 1848, des communards en 1871, des Alsaciens et des Lorrains en 1914...
Gaston
Après le château d’If, Gaston Crémieux fut incarcéré dans d’autres prisons marseillaises durant plus de huit mois, jusqu’à son exécution le 30 novembre 1871.
Dans ses Impressions d’un condamné à mort, le texte qu’il écrivit en prison après sa condamnation à la peine de mort le 28 juin 1871, il a décrit les terribles conditions de détention au château d’If, mais aussi la foi républicaine inébranlable des prisonniers qui y furent conduits avec lui :
Durant son incarcération au château-d’If, Crémieux passa sans doute sous le porche au-dessus duquel des hommes emprisonnés en 1848 avaient gravé l’inscription « Hôtel du peuple souverain » encore visible aujourd’hui. Lui qui avait participé à l’occupation de l’Hôtel-de-ville de Marseille en 1870 et de l’Hôtel de la préfecture en 1871 ne pouvait que partager la volonté de la souveraineté du peuple revendiquée par ce graffiti ironiquement gravé sur une porte de prison !
[1] Gabriel Honoré Riqueti, comte de Mirabeau (1749-1791), avant de devenir le célèbre tribun de la révolution de 1789, fut incarcéré en 1774 au château d’If à la demande de son père exaspéré par les frasques et les dettes de son fils aîné.
[2] Le Petit Marseillais, 14 avril 1871.